Par Derek Doyle / 30 Jul 2018 / Sujets: Réalité augmentée (RA)
Mais de quoi s’agit-il exactement ? Contrairement à la réalité virtuelle, qui sépare complètement l’utilisateur du monde réel, la réalité augmentée conserve l’environnement physique, mais en y superposant des informations virtuelles. Le monde virtuel et le monde réel se fondent l’un dans l’autre, et l’utilisateur peut interagir avec cette version augmentée de son environnement.
Alex Kipman, cadre technique de Microsoft chargé de la perception de l’intelligence artificielle et des « réalités mixtes » (une expression employée chez Microsoft pour désigner le mélange du réel et du numérique), entrevoit un futur où tous nos appareils électroniques auront une composante virtuelle.
C’est lui qui a créé l’HoloLens, le casque de réalité augmentée de Microsoft, pour améliorer l’interaction du réel et du numérique en aidant les ordinateurs à mieux appréhender le monde physique.
La symbiose de l’aptitude humaine à la pensée critique et de la puissance de calcul des ordinateurs ouvre des possibilités qui étaient inimaginables il y a encore quelques années. On peut s’attendre à des retombées incroyables dans une foule de secteurs, de la production industrielle à l’éducation.
En effet, cette technologie est porteuse d’un potentiel extraordinaire dans le monde du travail, car elle place l’information là où elle est le plus utile : dans le contexte concret des activités.
Imaginez qu’au lieu d’avoir à consulter un manuel papier ou électronique pour apprendre à effectuer une tâche donnée, il vous suffise d’observer la marche à suivre.
Dans les usines, la réalité augmentée permet aux ouvriers d’apprendre à exécuter des procédures complexes en les observant directement sur les machines qu’ils utilisent. On transmet ainsi les consignes de travail et les nouvelles pratiques exemplaires en employant la méthode la plus efficace, celle de la démonstration directe.
La réalité augmentée permet aussi de créer, pour les ouvriers qui doivent apprendre à utiliser de nouvelles machines, des guides détaillés enrichis de simulations, d’animations et de graphiques tridimensionnels interactifs. Les plus grosses pétrolières du monde ont déjà adopté ce système. Chez BP par exemple, il permet aux ouvriers de maîtriser rapidement des procédures et des procédés complexes sans s’exposer aux risques des formations données en situation réelle.
Il permet aussi aux formateurs virtuels d’examiner les installations pour signaler les risques à surveiller ainsi que d’afficher des modèles de raffinage complexes reliés à des mesures en temps réel de la pression et de la température, et au personnel chargé de la gestion des crises, de consulter des maquettes numériques des installations qui sont synchronisées avec des logiciels de sécurité..
Designers d’intérieur, architectes, ingénieurs, entrepreneurs : la réalité augmentée aide les professionnels du bâtiment à visualiser le produit final au cours de la phase conceptuelle. Grâce aux casques de réalité augmentée, ils peuvent visualiser l’incarnation physique de leurs idées et y apporter sur-le-champ des modifications virtuelles. La réalité augmentée permet même aux urbanistes de modéliser des villes entières. En fait, cette technologie se prête à merveille à toutes les tâches de conception et de modélisation qui impliquent des rapports spatiaux.
La réalité augmentée, ce sont des formations approfondies et plus efficaces pour les étudiants en médecine, qu’il s’agisse d’apprendre à utiliser du matériel d’imagerie ou de simuler des opérations chirurgicales complexes. Par exemple, les étudiants de la clinique que l’Université Case Western Reserve opère à Cleveland apprennent l’anatomie à l’aide de Microsoft HoloLensH, qui leur permet d’étudier le corps humain en trois dimensions.
Pour les médecins, c’est aussi la capacité d’analyser en temps réel des IRM et des tomodensitogrammes aux normes DICOM, et pour les chirurgiens, la possibilité de simuler des opérations en utilisant des images tridimensionnelles du corps du patient.
Grâce à la réalité augmentée, les enseignants profitent de l’omniprésence des appareils intelligents de type tablette dans les salles de classe pour renforcer l’expérience d’apprentissage. Par exemple, certains enrichissent déjà l’environnement pédagogique en demandant aux enfants de télécharger l’application HP Reveal (ex-Aurasma) dans leur téléphone intelligent ou leur tablette.
Dans un cours d’astronomie, les jeunes peuvent s’aider d’un modèle complet du système solaire généré grâce à la réalité augmentée, et dans un cours de musique, regarder les notes de la mélodie qu’ils jouent sur leur instrument se superposer en temps réel à leur environnement. Ces expériences immersives se poursuivent dans l’enseignement supérieur, où la réalité augmentée permet aux étudiants en chimie de s’entraîner sur des modèles moléculaires complexes en 3D.
Pour un soldat que l’on parachute pour la première fois dans une zone de conflit actif, l’expérience est éprouvante. Les balles sifflent à ses oreilles. Chaque décision doit être un réflexe. Son cœur s’emballe. Son entraînement s’est surtout passé à la caserne, où on lui a expliqué les rouages de la guerre sur des modèles en deux dimensions. Il est dépassé.
Heureusement, l’Armée américaine s’apprête à changer la donne. En effet, elle a mis sur pied le STE, un système immersif d’entraînement par réalité augmentée qui prépare les soldats aux situations réelles en leur faisant exécuter des scénarios exigeants dans différents cadres opérationnels. Ce type de solutions pourrait également être utile aux services de police.
Nous commençons tout juste à découvrir le potentiel de la réalité augmentée. À en juger par ce qui se fait déjà, il est illimité.
